Penser et Vivre Cheval

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Compte-rendu de la démonstration éthologique d’Andy Booth, le 23 mai 2003

La soirée du 23 mai au cours de laquelle a eu lieu la démonstration d’Andy Booth, instructeur australien - basé au Haras de La Cense, à Rochefort en Yvelines -, de la méthode PNH (Parelli Natural Horsemanship), a connu un franc succès. Plus de 250 personnes étaient réunies sur le site Trotteland à Cestas, et ont pu assister à une démonstration éthologique.

Andy Booth a d’abord joué avec un cheval venu des écuries de Philippe Casas, (cavalier professionnel de CSO), et n’ayant eu aucun contact avec la méthode. Ce 5 ans, dont la tendance est d’être anxieux à l’extérieur, manifeste son émotivité par un relevé excessif de la tête. En outre, il se montre parfois susceptible, et capable de réactions excessives au sanglage.

Le public, attentif aux opérations effectuées, et aux explications simultanées qu’Andy Booth fournissait au fur et à mesure au micro, a pu constater par lui-même l’évolution du comportement du cheval, démontrant une fois de plus l’efficacité de la méthode PNH.

A la fin de cette première partie, Andy pu expliquer quel devenir on pourrait escompter pour ce cheval par une utilisation suivie de la méthode. Il en a profité pour rappeler quelques exigences fondamentales de celle-ci. Le cheval étant par nature une proie, son comportement instinctif de fuite ne peut disparaître que si l’homme abandonne quant à lui toute attitude de prédateur. Il lui faut gagner la confiance et le respect de son partenaire animal. Pour établir une bonne communication, on devra l’aimer, connaître son langage, et être accepter comme meneur. La méthode se caractérise par les maîtres mots "amour, respect, leadership".

Andy Booth a également insisté sur la règle qui veut que l’on ne fasse pas travailler le cheval plus de 20% en flexion verticale, si on veut conserver son intégrité mentale, émotionnelle et physique… l’ordre de ces termes indiquant les priorités relatives de ces domaines les uns par rapport aux autres.

Le jeu avec le cheval commence donc par un travail mental, d’où l’importance des 7 jeux à pied, élaborés par Pat Parelli. Prendre le temps d’élaborer des bases solides de communication permet d’en gagner d’autant plus par la suite, et d’être plus en sécurité en confort et en performance.

La démonstration magistrale en a été faite au cours de la 2e partie du spectacle. Avec sa jument amenée du Haras de la Cense, Andy Booth a montré ce que l’on peut obtenir après 18 mois de jeu assidu avec un cheval. Une jument calme malgré les claquements répétés du fouet, un travail impressionnant à la corde ou en complète liberté : des changements de pied au galop, des arrêts, reculés, déplacements latéraux…. Tout ceci effectué à pied ou monté sans filet (freestyle), en liberté, en flexion verticale (finesse) qui avait de quoi époustoufler l’assistance.

Le public, concentré du début à la fin, a supporté les prolongations qu’ont entraînées les explications généreuses d’Andy, et pu acquérir s’il le souhaitait du matériel PNH apporté par l’équipe du Haras de la Cense, et poser des questions à Andy Booth et à son équipe.

L’intérêt pour ce type de méthode n’est pas une nouveauté pour Trotteland, dont la devise, sous la houlette de Bernard Piazza, était déjà à sa fondation, " voir le cheval autrement "… Le club développe sa pratique de dressage et d’enseignement autour des pratiques éthologiques et donc principalement de la méthode PNH, au grand intérêt de ses membres. A tel point qu’une association y est née en janvier dernier. Penser et Vivre Cheval regroupe des personnes désireuses d’en savoir plus sur les questions d’éthologie, de communication homme/cheval, et bien-être des animaux. A la fin de la démonstration Andy a fait l’honneur et la gentillesse d’accepter de devenir membre d’honneur de l’Association. Gageons qu’il s’agit là d’un excellent parrainage pour le développement des activités de l’association…

 

Ethologie et respect de l’animal

Hélène Dufau,
Causerie donnée dans le cadre de l’association Penser et Vivre Cheval
Cestas, le 23 avril 2003

 

L’évolution des méthodes de l’éthologie* au cours du XXe siècle a permis de mieux connaître la vie des animaux, leurs comportements, et leurs capacités, notamment en primatologie (babouins, chimpanzés, bonobos,..) ou en ornithologie (perroquets, corbeaux,...). En passant un temps nettement plus long qu’auparavant en observation sur le terrain (parfois des années), en mettant l’accent sur la « biographie » de chaque animal, en les nommant individuellement et en observant en détail leurs actions et les relations que les différents membres du groupe entretiennent entre eux, les éthologues contemporains ont pu dégager des conclusions inattendues.
    On a ainsi pu constater des systèmes d’organisation sociale complexes, l’usage de techniques parfois différenciées selon les groupes, des formes d’apprentissage des jeunes, des activités « politiques » de gestion des conflits, des capacités de s’adapter et de générer de nouvelles réponses lorsque les situations l’exigent ou le permettent, de manipuler les autres, de dissimuler, de jouer de tromperie. Prenant en défaut les théories qui aimeraient donner la primauté à l’inné et à la « mécanisation » des comportements, différents groupes d’animaux ont montré leur capacité à créer des relations d’association avec d’autres espèces (corbeaux et loups par exemple), à inventer de nouvelles activités, à manifester inventivité et créativité. Des relations incluant des partenaires humains ont même parfois pu se mettre en place. Ainsi en primatologie, chimpanzés ou babouins ont su se comporter comme « le troupeau » du chercheur lorsque cela était à leur avantage.
    Ces données nouvelles sur le comportement animal montrent que lorsque, sortant d’une vision marquée par les préjugés et les idées préconçues, on leur « pose les bonnes questions », dans le bon contexte, en essayant de savoir ce qui compte véritablement pour eux, on obtient des réponses qui nous surprennent. Ces réponses sont porteuses d’interrogations en ce qui concerne « le propre de l’homme », lui qui se définit depuis si longtemps par ce qui le différencie des autres animaux.     Ces méthodes d’observation longue, la proximité dans le milieu de vie, et les connaissances plus précises obtenues impliquent les chercheurs dans une responsabilité accrue vis-à-vis de « leurs animaux ». Ils sont parfois amenés à agir sur le terrain politique pour en défendre le milieu et la survie dans leurs conflits qui les opposent aux hommes avec qui ils partagent leur territoire. Elles génèrent également un nouveau regard sur « nos frères » animaux, qu’il devient de plus en plus incongru de considérer, dans une optique cartésienne ou utilitariste, comme des mécaniques sans sensibilité, sans émotions, sans sentiments, sans vie sociale.
    Les nouvelles connaissances que la science a élaborées sur les animaux nous amènent ainsi à modifier les représentations que nous en avons. L’animal, qui a toujours été au cœur des religions et des activités humaines, est désormais susceptible de nous interroger sur certaines dimensions de nos pratiques sociales et économiques. Remettre en question les conditions de l’élevage, ou l’exploitation forcenée des milieux naturels, c’est en quelque sorte inventer de nouveaux modes de cohabitation avec les animaux. Nous vivons dans un monde qui nous est commun, et les liens que nous avons sont millénaires ; pourtant, nous n’avons pas toujours agi avec discernement dans nos relations avec eux, peut-être aujourd’hui moins que jamais. C’est pourquoi les résultats de la recherche peuvent être employés à redéfinir (il est urgent de le faire) notre vision de l’animal et de ce qui nous rapproche, ainsi que nos responsabilités à son égard... comme notre définition de l’humanité.

* science des comportements de l’animal dans son milieu naturel

Articles d'Hélène Dufau

DUFAU Hélène, "Du coche au coach. Le cheval et le manager", Communication et Organisation n° 23 1er Trimestre 2003, p. 179-186.

DUFAU Hélène, PIAZZA Bernard, "Le cheval au service de la communication et de l'efficacité des hommes dans les organisations", Communication et Organisation n° 23 1er Trimestre 2003, p. 167-176.

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